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| a écrit ce message le : Dim 17 Mar - 6:06 | | Alejandro Dolce IDENTITY « Shade ? La ferme. » Nom. Dolce. Prénom(s). Alejandro. Ses parents n'étaient pas le genre à faire des fioritures. Surnom(s). Al' ou Alex, pour faire plus simple. Âge. 31 ans. Sexe. Masculin. Date&lieu de naissance. 31 août ; Venise. Nationalité. Italienne. Origines. Italiennes. Sexualité. Plus intéressé. Sinon, en bon mâle, il se pense hétérosexuel -il a quand même eu un gosse !- mais après, qui sait... Groupe. Membre du personnel. Rôle. Concierge. C'est un peu la nounou de tout l'établissement. Établissement lui-même compris. C'est fou le nombre de trucs qu'il faut rafistoler dans le coin. Est ici depuis. Un an. Feat. Kaburagi T. Kotetsu, Tiger & Bunny. DERRIÈRE L’ÉCRAN Pseudo. Concombre. Âge. Une vingtaine de feuilles. Comment es-tu tombé là ?. En voyant une demande d'avatar sur SOS, je crois -moi aimer cliquer sur les liens-, pour la première fois. Top-Sites ensuite. o/ Suggestions ? Aucune. Ye vous aime +w+ Le code. OKAY PAR HISA
ps ; ma fifille arrive très bientôt. et heu, n’hésitez pas à me fouetter si j’ai fait des boulettes dans la fiche. Cœur sur vous.
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TELL ME I'M NOT A LIE Al' semble être un bon gars. Ouais. Des yeux marrons et une bouille plutôt avenante, toujours en train de sourire, on sent, non, on sait que c'est un bon gars. Ok, il est parfois un peu trop speed, à courir partout, des écharpes et thermomètres dans les mains, à courser les serpents à travers tout le campus, ou en été, avec ses compresses froides et ses seaux d'eau, derrière les détenteurs du genre poiscaille qui se déshydratent aussi vite que... que les glaces qui disparaissent à la cafet', tiens. Et en plus il marmonne, grommelle, murmure dans sa barbe, si on est un peu trop désinvolte, que notre température est un peu trop au-dessus ou en dessous. Une vraie mère poule. Non, il est quand même un peu plus relâché. Une. Nounou ? Ouais, une nounou. La nounou de tout Hayasaki haha. Un sacré boulot. Pas étonnant qu'il court toujours après quelque chose, un élève, un esprit, une ampoule, ça revient au même au final. Ce sont des trucs dont il faut s'occuper, et il le fait plutôt bien. Il est sympa, "Alex", il sourit, rit fort, tape dans le dos.
Techniquement la zone du personnel est interdite aux élèves, mais il a déjà emmené quelques élèves dans son appart'. Oh tention', c'est rare, et c'est pour les cas les plus graves. Les plus jeunes qui craquent, qu'il faut enrouler dans une couverture après des heures d'une transformation non voulue et traumatisante dans la forêt, rassurés d'un chocolat chaud et d'une légère étreinte. Mais il le fait. Ouais, Al', c'est un bon gars. Un adulte, mais un adulte assez cool. Un peu craignos parfois, mais, bon. Reste qu'il est un type bien. Ouais. C'est sûr.
« Putain de mômes... toujours à brailler pour un rien... Un bon coup de boule et on parlerait plus. »
Ou peut-être pas. En réalité, Alejandro ne vous aime pas. Définitivement. Hypocrite jusqu'au bout des ongles, il joue la comédie à longueur de journée. Comme une fausse pièce, il vous montre le face, mais n'est en réalité composé que du pile. La plupart du temps, avec son attitude, on le suppose soit visionnaire, soit détenteur d'un esprit certes parfois impressionnant, comme l'ours, mais surtout tranquille et paisible. Le genre protecteur, qui pourra montrer les crocs quand il le faut, mais qui ne vous nuira jamais vraiment. On ne peut pas faire plus fausse route que ça : Shade n'a rien d'une maman ours. Shade est un jaguar. Une femelle jaguar à la fourrure noire. Mauvaise, sombre, vile, elle adore tourmenter, jouer, et rien ne lui ferait plus plaisir que de vous croquer, de faire craquer vos petits os un à un entre ses crocs, petits lapins adorés. Shade n'a rien d'une amie ou d'une gentille peluche. Shade attends son heure dans l'ombre, ses dents brillant dans le noir, ses yeux jaunes suivant avec amusement les humains. Même Alejandro. Son contrôle, sur ce qu'elle provoque en lui, existe bel et bien, il est là, mais il est fin, tenu. C'est une promenade permanente au bord du gouffre.
Alejandro est comme un pot cassé dont on aurait trop piétiné les morceaux. On peut recoller, mais ça reprendra jamais vraiment l'apparence d'origine. C'est trop tard. Il est comme il est. Oh, il fait bien son boulot quand même, mais... S'il voit deux élèves se faire la malle vers un lieu interdit et qu'il est le seul à le voir, il haussera les épaules et continuera sa route. Si on ne l'appelle pas, il ne bougera probablement pas un petit doigt, sauf si encore une fois, c'est juste devant ses yeux. Les bonnes vieilles habitudes ont la vie dure, même après treize ans de "réinsertion". Ricanant. Inquiétant. Sauvage.
Shade est arrivé au pire moment et a laissé de profonds sillons, parfois un peu comblés, recouverts en apparence, mais douloureusement présents.
La seule chose vraie, la lumière de sa vie, la parcelle d'amour unique et véritable de son être, c'est Lilia. Sa fille. La chair de sa chair. Son précieux enfant. Le seul enfant qu'il aime véritablement. Sans condition.
La chaleur qui bouscule le faux et vrai, qui craquelle des années de faux semblants. Ne touchez pas à Lilia. C'est le territoire interdit. La zone tabou. Si on ouvre juste un peu ses oreilles, on le sait. Jamais, bien sûr, il n'irait vraiment enfoncer la tête d'un de ces garçons dans un mur, comme le suggère si délicieusement son esprit. Mais "Papa Ours" comme disent certains, peut quand même se faire très très flippant. Avec Lilia, tout semble différent. Il ne vit presque que pour elle, invente de nombreux contes et la berce de magie et de fantasy, juste pour enrober de rose un passé bien trop noir. Lilia et la pâtisserie. Ce sont les deux moteurs de sa vie.
Le reste est négligeable. Vous êtes négligeables. AND LISTEN TO MY STORY ▬ Je suis enceinte. ▬ Quoi ? Le sommier grince, le matelas s'enfonce, un corps se redresse. Une femme bouge, à ses côtés, sourit. Elle est sûre d'elle. Ce qui reste de son gloss brille dans la pénombre.▬ Mais ne t'inquiète pas. Je ne le garderai pas. Encore un sourire. Éclatant. Une main à la peau douce se pose sur un avant-bras. La jeune femme penche la tête, un sourire déjà coquin sur les lèvres. Le silence qui s'est installé est confortable. Entendu. Il n'y a aucun problème.▬ Non. ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ « ▬ TU AS FAIT QUOI ? Je bascule en position assise, fronce les sourcils, l'air de dire "C'est du lard ou du cochon ton truc", le joint au bout des doigts, accusateur, pointé droit vers sa cible. Alejandro Dolce. Pote, pas pote, c'pas vraiment la question avec lui. Je pars du principe qu'on a une assez bonne relation, en fait. J'ai encore toutes mes dents -bon ok c'est pas vrai, mais c'est pas de sa part, en tout cas- et on discute comme deux gens civilisés au lieu de juste se mettre sur la gueule. D'accord, on se met aussi sur la gueule. Mais seulement quand on est bourrés, et ça, c'est une avancée sociale phénoménale pour ce type. Vous pouvez pas imaginer. Dolce, il est... pas clair. Même pour ce quartier pourri. Et je mâche pas mes mots, on vit vraiment dans un trou merdique. Jolie, belle Venise. C'est fou ce que le dessous des paillettes, quand on gratte un peu et qu'on va aux bons endroits, ou mauvais plutôt, peut être ignoble. Ce coin, notre petit chez-nous adoré, est malsain. Pas sains, on l'est un peu tous. Mais Dolce... Dolce, c'est un cas particulier. Pas la quintessence, pas l'âme de cet endroit. Encore autre chose. Un truc qu'on arrive pas à définir. Bête. Pas dans le sens crétin, dans le sens animal. Rien que là, tiens, quand il marche devant moi, attendant la suite de ma réaction, ou préparant la sienne, j'en sais rien. Je vois ses muscles rouler sous sa peau avec une lenteur exaspérante. C'est presque hypnotisant. Morbidement. Comme de mater un fauve qui te tourne autour en bon abruti bienheureux qui n'attends qu'une chose : qu'il te saute dessus et te déchiquette. Je secoue la tête, m'ébroue comme un cleps trempé par la pluie. Merde. Je joue déjà assez avec le feu comme ça, j'vais pas non plus carrément empoigner la queue d'Lucifer. ▬ Sérieusement ? Je me masse la nuque, me gratte le crâne, jure quand mon joint crame le bout de mes cheveux. ▬ Elle s’appelle comment déjà celle-là ? Maria, Violetta, Elena ou Gorgonzola ? ▬ C'est un fromage ça. ▬ Ha tu sais, y a de tout dans ce monde... ▬ Diane. ▬ Oh, ça doit pas être son vrai nom, ça. J'ai le droit à un regard vide. Haha. Ouais. Sympas. J'avais presque oublié à quel point il pouvait être charmant. Ou, non, en fait, j'ai pas assez dans les veines aujourd'hui pour le considérer comme un charmant poney rose. Dommage. Le poney, au moins, il me donne pas une foutue chair de poule en bas de la nuque. Enfin, pas autant. Quoi ? Les poneys roses ça peut être vraiment flippant. OK, il a eu une enfance de merde. Naissance idem. Parents compris. Le grand chelem. Sa mère est une, soyons polis, "femme de joie" encore assez fraîche pour son âge, et son paternel un comment dire, poète de la bouteille vachement assidu. Ouais. Une vraie chanson. En fait, j'suis même pas sûr que le paternel officiel soit le bon paternel, si vous voyez ce que je veux dire. Dolce et sa mère semblent être tout aussi sûrs que moi, mais, bon, après tout, qu'est-ce que ça changerait, hein ? C'pas comme s'il était là. Pas comme si l'autre avait été là non plus. Comme sa tendre épouse, d'ailleurs. Une chose est claire, c'est que le môme était pas spécialement prévu. Neuf mois de congé pas payés, ça fait mal. Surtout quand on voit l'conjoint, haha. Bref. Ils s'en sont préoccupés le temps que ça a duré, puis une fois éjecté dans ce bas monde, c'était fini. Ils ont clairement pas assuré le service après-vente, et Dolce, ben, il s'est démerdé. Oh, je crois que la mère a essayé au début, mais, bon... Pas besoin de vous dessiner l'tableau, hein ? Entre son job, le mari, les bouteilles, et ce qu'elle reniflait tous les jours, boarf. Donc, forcément, ça partait déjà assez mal, hein ? Surtout quand on voit ce que deviennent les mômes du coin quand les parents s'en occupent. Ou quand on me voit moi. Pas le top du top, on va dire. Mais là, clair, c'était mal barré. Sauf que... je sais pas, y a eu un truc bizarre. Comment l'expliquer ? Dolce ne glissait pas sur la mauvaise pente, il piétinait déjà quelque part vers le bas, comme pas mal de collègues. Puis un jour, il s'est retrouvé dans une embuscade, en plein crépuscule, dans une ruelle glauque. Une sale histoire. C'est toujours une sale histoire. Des types, des couteaux, des sourires qui vous faisait scintiller les points de suture devant les yeux pour les naïfs, la vision du trottoir et d'une mare tomate pour le reste. Il s'est figé. Je le sais, j'étais là. En hauteur. Agonisant sur un balcon miteux, en fait. J'avais bien trop pris pour lever un petit doigt, alors y aller. Puis, même clean, j'aurais pas bougé. J'suis pas un saint, ok ? Et je m'en porte très bien. Je suis encore là. Personne y serait allé. Personne. Bref. Dolce était seul, il le savait. Il s'était figé, donc. Réaction naturelle. Un truc d'instinct, on essaye d’analyser, de trouver une échappatoire. Ou la manière pour en dégommer le plus avant de se faire dégommer himself tout court. Puis... Il s'est passé un truc. Ouais ouais je radote, mais mon vocabulaire, il vous bip bip okay ? C'était un truc, juste un putain de truc inexplicable. Dolce s'était penché, plié comme un ressort, prêt à se jeter dans la mêlée, puis il s'est stoppé. Comme ça, pouf, genre "Oh tiens on me poke l'épaule et je me demande quel crétin peut avoir cette idée dans une situation pareille, je lui démonte la gueule en premier ou je l'ignore ?". Bref, il a semblé écouter quelque chose. Je sais pas quoi. Mais. Ha, merde ! Je sais toujours pas quoi en penser. D'un côté, son moment "Je suis Jeanne d'Arc helloooooo" ça a dû lui sauver la vie, mais d'un autre, bouarh. Rien que d'y repenser, ça me titille le bas de l'estomac. Aussi brusquement qu'il s'était arrêté, il s'était redressé, juste à temps pour éviter de justesse la première attaque. La lame a dû juste trancher la joue, j'en sais rien, j'étais trop loin, mais c'était probablement qu'une griffure de minou, comparé à la suite, vu leur dégaine et ce que j'avais pu voir de leur visage. Ouais, ben, ils auraient pas dû, ces cons. Parce que Dolce il a enfilé ses collants bleus et son slip rouge et tel Superman il les a envoyé dans le ciel. Haha. Ouais. Non. C'est pas vrai. Mais j'avais pas envie de m'en souvenir. Alors pourquoi j'y pense ? Merde, foutu joint. Foutu Dolce. C'est ta faute, à parader devant m--ok non il me fixe maintenant. Shit. Il me fixe VRAIMENT fort. Et moi je le fixe en retour. Quel con je fais. Et les vapeurs de ce que j'fume aident pas, un peu plus, et je jurerai que ses yeux virent au jaune. Comme cette fois là. Ha, bordel de bordel. J'y pense. Encore. En fait, non, c'est pas à ce moment-là que j'ai vu ses pupilles dorées, mais plus tard. Pourtant, j'suis sûr qu'elles l’étaient à ce moment. Je. J'ai aucune idée du pourquoi du comment, ni de la quantité réelle de machins nocifs que j'ai dans le sang pour me mettre à penser des choses pareilles, pire, pour en être sûr. Mais. En tout cas, cette embuscade, elle a fini salement. Et pas pour la cible initiale. Enfin, si, mais sûrement pas comme ils le pensaient. Parce qu'ils s'en sont pris plein la gueule. Si je voulais faire mon dramaturge je dirais que Dolce les as complètement massacré. Et c'est pas totalement faux. Mais il s'en est pris plein la gueule aussi. Sauf qu'il a fait genre, un relatif carnage. Et qu'il avait dix ans. Et qu'il était seul. Et qu'il... Oh merde, mon déjeuner. Je le pensais pourtant pas consistant. Bah pourtant, je sens son peu de consistance, là, qui remonte ma gorge. Ok, respire mec, tu es pas une femmelette, tu... Ok j'ai aussi rendu mes tripes cette fois-là, une fois tout ça terminé. Je crois que ça avait rendu mon esprit plus clair, de foutre un peu toute cette merde dehors. La plante verte du dessous a pas dû aimer mais, bah, c'était un sacrifice moindre ! Même si j'aurais aimé m'en passer. Juste planer loin, loin, et pas poser mes yeux sur le résultat. Ni suivre tout ce qui avait mené à ce résultat. Fascination morbide, encore et toujours. Dolce s'était battu comme... une bête. Il était devenu une bête. Je jure même avoir vu des griffes, à un moment, mais bon, j'étais un peu, heu, pas en super bon état, donc, hem. Fin', en tout cas, ce fut bestial. Sauvage. Sanglant. Et au final, ne restait debout qu'un gosse. Pissant la tomate par tous les pores de sa peau, quasi incapable de marcher, plus gosse dans sa tête depuis bien longtemps, mais un putain de jeune humain, seul, et les types qui s'étaient pas enfuis gisant sur le sol. Je sais pas leur état précis, OK ? Je suis pas allé voir. J'ai juste rampé plus loin. Pas envie que les potes des gus à terre rappliquent et me trouvent là. Je sais pas ce qui s'est passé après, donc, mais ce qui s'est passé un mois après, ça, je m'en souviens. Je fumais, tranquille, dans un coin, sur une caisse défoncée, dans un entrepôt ma foi dans un état de décrépitude fort convenable, quand j'ai senti un fucking souffle chaud sur ma nuque. Et j'étais bien trop, m'voyez, pour réagir correctement. Alors j'ai pas bougé. Et la présence m'a contourné, m'a fait face. Et Dolce m'a reniflé. Merde, il m'a reniflé, quoi. Puis il a fait un grand sourire et ricané. Et là j'ai vu ses putains d'yeux. Jaunes. Une bête. Dolce, dont je connaissais vaguement l'existence à cette époque, était devenu une bête. Je sais pas ce qu'il s'était passé pendant ce putain de mois. Ces putains de quelques semaines. Mais je suis certain que ça a commencé ce jour, là, lors de l'embuscade. Et je le pense encore, là, maintenant. Dolce est devenu une sorte de fantôme, passant et sortant de ma vie, voire de l'existence même de l'ensemble du quartier pendant parfois des périodes assez longues. Il est devenu encore moins beau à voir. Pis il a fini par revenir de plus en plus longtemps, comme s'il trouvait peu à peu une sorte d'équilibre glauque. Équilibre. J'sais pas vraiment si c'est le mot qui convient. Y a rien d'équilibré dans ce qu'est devenu Dolce. Et c'est bien pour ça ce qu'il vient de me raconter à menacer de me causer un aller simple pour le purgatoire. Je me masse les tempes, fais cette fois gaffe de pas me brûler avec mon joint, et agite la main. ▬ Balance tout. Parce qu'il était pas vraiment entré dans les détails. Il m'avait laissé sur son "non" et partir dans mon long trip flashback sans ajouter un mot de plus. Un autre truc chelou à rajouter sur la liste, tiens. Dolce était pas du genre patient, en temps normal. Putain. Fallait vraiment qu'il me crache la suite. J'agite de nouveau la main en marmonnant, et il soupire. J'hausse un sourcil, puis, enfin, il déballe le reste. Alors, en gros, la gonzesse avait protesté. Normal, quoi. Et Dolce, en bon gentleman, il avait insisté. Genre, lourdement. Rien qu'à son regard, je m'imaginais bien la scène. Il avait dû la plaquer sur le lit. Fermement. Pas vraiment avec l'attitude d'un mec qui veut une partie de jambe en l'air. Quand Dolce voulait un truc, il faisait pas dans la dentelle. Elle avait fini par céder. Et maintenant... Maintenant, il était là. ▬ Putain. Je balance la tête de droite à gauche. ▬ Putain. Dolce me grogne presque dessus. ▬ PUTAIN ! ▬ JE SAIS OK ? Voilà qu'on hurle tous les deux. J'inspire, expire. Avec la grâce d'une locomotive total enrhumée. ▬ Tu sais ce que tu fais ? ▬ Non. Ok. No panic. No panic. Dolce est complètement... Je tapote la place à côté de moi, sur ma caisse préférée. Il vient s'y asseoir. Ok. No panic. ▬ T'en veux ? Ma main lui tend le joint, mon précieux, sans aucune hésitation. La journée de l'étrange. ▬ Non. Non, bien sûr que non. Dolce touche pas à ces choses là. Il a sa propre drogue. La violence. Le sang. Je secoue la tête, inhale une bouffée. Merde, je suis pas un psy pour psycopa--connaissances dans le b... enfin je suis pas psy quoi. Pourquoi moi ? Je baisse la tête vers lui. Il me regarde. Je le regarde. ▬ Tu sais que tu vas devoir te taper ses hurlements pendant neuf mois ? La joie des bouffées d'hormones, tout ça, tout ça. Oh, bon sang, l'expression de son visage. Il agrippe ma poche, se sert sans honte, ni même sans prévenir, attrape par je ne sais quel miracle l'unique paquet de clopes que je trimballe, et en coince une entre ses lèvres, avant de tendre la main, d'agiter ses doigts devant mon nez. D'accord, j'ai pigé. Je lui file mon briquet. Il s'allume une cigarette. Petit bâton de mort lente et concentrée. Douceur face à que je tiens dans la main, ce qui coule dans mes veines, mais belle saloperie quand même. Ouais, il touche pas à la drogue, et c'est un miracle vu l'endroit, mais il touche quand même de temps en temps à cette petite drogue-là. La légale. Haha. ▬ Putain. Ouais. Putain. C'était le mot. On a jamais été très polis, ni de grands poètes, mais ce mot correspondait bien à la vision d'un Dolce se tenant la tête entre les mains, prêt à endurer neuf longs, très longs mois, seulement pour préserver une petite vie pas encore formée. Pour ensuite s'enchaîner cette vie au corps pour, eh bien, toute une vie. Cela faisait beaucoup trop de vies pour un être tel que lui. Mais il l'avait fait. Et ça... Putain. C'était foutrement incompréhensible. Ma réponse à tout cet obscur merdier ? Je lui avais tapoté le dos. Et proposé une deuxième cigarette. » ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Alejandro lève sa fesse gauche. Son siège grince. Bascule sur la fesse droite. Sa chaise grince. Encore. Tch. Foutue chaise vintage. La petite bouge entre ses bras, s'étire dans ses couvertures, fait une petite moue contrariée. L'adolescent grimace, tente de la bercer maladroitement. Bon sang, il est pas fait pour ça. Mais. Sa fille. Elle vaut bien la peine d'avoir l'air ridicule et de se sentir tellement crétin et pas doué. Il aurait préféré que personne n'assiste à un tel spectacle, bien sûr.▬ Elle se nomme comment, cette petite ? Cette vieille femme a une voix douce, bien trop douce. Elle lui sourit aimablement. Il lui renvoie un regard froid.▬ Lilia. Cette femme est l'arrière grand-mère de Lilia. Sa grand-mère maternelle, à lui. Il ne l'avait jamais vu avant aujourd'hui. Une étrangère. Comme son mari, qui traficote on ne sait quoi dans la cuisine. Le cliché voudrait que ce soit l'inverse, mais, non. Et après tout, le jeune n'en a que faire. Une seule chose l'intéresse.▬ Nous acceptons. Elle aussi, elle doit le considérer comme un étranger, ce petit fils de tout juste dix-huit ans jusqu'alors inconnu au bataillon, avec ses fringues de voyou, qui fait tellement tache dans sa maison si rangée. Pas riche, mais pas pauvre non plus. Une situation agréable, et un cadre de vie qui s'y accorde. Un cadre qui sort déjà par les yeux d'Alejandro. Trop de différences. Deux mondes éloignés. Lilia laisse échapper un petit gazouillis. Son père baisse immédiatement les yeux sur elle. Son hôtesse, elle aussi, a les yeux rivés sur cette jeune vie en devenir. Lilia. C'est pour Lilia, tout ça. Pour ça qu'il est là, pour ça que des grands-parents encore inconnus acceptent de les héberger, tous les deux, de prendre la garde de l'enfant, jusqu'à que son géniteur ait une situation... convenable. Ordre du tribunal. La mère a disparu comme un courant d'air après avoir donné naissance, accouchant sous un faux nom, mais le test ADN fut formel : Alejandro était bel et bien son père. Pas de doute.
Mais il venait tout juste d'avoir dix-huit ans. Le jour de la naissance de sa fille. Coïncidence presque aberrante. Quoi qu'il en soit, la situation restait un brin compliquée. On avait très vite conclu que les parents d'Alejandro n'étaient plus aptes à quoi que ce soit, encore moins élever un enfant. Mais le père était jeune, très, et n'avait ni situation, ni domicile, vu qu'il avait décidé de prendre ses cliques et ses claques le jour même. Bref, gros bordel. Et porte de sortie inespérée : ses grands-parents maternels.
Son grand-père choisit ce moment précis pour revenir, tout sourire, une fournée de gâteaux fumants dans les bras. Alejandro retrousse le nez, comme un réflexe. Mais finalement les biscuits sont délicieux, et Lilia dort paisiblement sur ses genoux. Il se détend. Juste un tout petit peu. C'était peut-être la bonne décision, en fin de compte.♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ ♦ Ça l'était.
Dès le lendemain, Alejandro s'était attelé à la longue tâche qui l'attendait : sa "réinsertion" comme il disait lui-même, devant son miroir, en grimaçant. La première chose essentielle avait été la question du job, et la réponse fut toute trouvée. Grand-Père, malgré les dires de son dit petit fils, était encore très fringuant, et tenait avec brio un petit restaurant typiquement italien, dans un quartier assez agréable de Venise. Le jeune ne chercha pas plus loin, et mit les mains à la pâte. Littéralement. Et il se révéla ma foi assez efficace. Déterminé, avançant droit vers son objectif, il absorbait comme une éponge, et faisait des heures supp', le soir, seul, dans la cuisine familiale, quand Lilia dormait paisiblement dans son berceau.
Il finit par passer officiellement derrière les fourneaux, commençant lentement mais sûrement à gagner sa croûte. Sa fille était bien traitée, et grandissait sereinement. Il était libre de se plonger entièrement dans sa tâche. Mais il n'oubliait jamais Lilia. Jamais. Elle était le moteur de sa vie, tout ce qu'il faisait, c'était pour elle. Sauf... Sauf ceci. Un petit truc pas prévu. Plus il apprenait, plus il finissait par se faire doucement happer par le côté dessert de la carte. Jusqu'à s'y absorber totalement. Ses premières créations étaient acides, presque piquantes, puissantes, peu sucrées. Puis il finit par dériver sur le doux, timidement, avant de finir par repartir dans tous les sens, expérimentant, goûtant, touchant à tout. Une passion vive et prenante était née. Et Alejandro la laissa simplement faire. La pâtisserie l'aida beaucoup avec Shade.
Il n'était plus question de se transformer, de suivre ses envies animales, ou même de l'écouter tout court. Shade devait être tenu à distance. À distance de lui-même. Mais surtout de sa fille. Alejandro devint même semi-végétarien, bannissant la viande, et le poisson, pour réduire les instincts du jaguar. Esprit jaguar d'ailleurs qui hurla littéralement à la mort en voyant le premier steak de tofu dans la poêle. Bon, Al' lui-même trouvait ça dégueulasse. Mais tant que c'était efficace sur le fauve, c'était ok.
Les années passèrent. Alejandro finit par quitter le restaurant, enchaina quelques jobs dans la restauration, puis divers petits boulots. Il put louer un appartement correct pour vivre avec sa fille, arrangea ses horaires pour s'occuper d'elle tout en gagnant de quoi vivre. Numéro d'équilibriste qu'il effectua sans broncher. Question d'habitude, en quelque sorte. Lilia était la seule motivation dont il avait besoin. La seule raison. Son tout.
Mais un léger petit problème un peu trop persistant finit par briser la routine. Lilia voyait Shade. Elle semblait même la comprendre, en quelque sorte. Fort heureusement, elle ne pouvait pas carrément communiquer avec, mais ça restait dérangeant. Alejandro avait pensé que ça pourrait passer avec le temps. Ça ne passait pas. Alors il finit par attraper le problème à bras le corps et tenter de le résoudre. Il se renseigna. Et ce qu'il trouva ne lui plut pas vraiment. Sa fille risquait de se retrouver avec un truc comme Shade. Un esprit. Il aurait voulu dire "Hors de question" mais il savait très bien que taper du pied ne ferait pas dire Amen au destin. Alors, pour sa fille, il décida de changer de vie. Encore.
Un long et pénible apprentissage du Japonais commença. Si Lilia se retrouvait un jour avec l'une de ces choses, il était hors de question que ce soit dans les mêmes conditions que lui. Il lui fallait un cadre adapté. Il lui fallait le Projet Middle Garden et Hayasaki. Et si Lilia allait à Hayasaki, il irait aussi.▬ Merda ! Saloper... de clou... de... Aujourd'hui, c'est chose faite. Depuis un an, déjà. Alejandro possède encore un accent certain, mais il ne se trompe plus que sur quelques mots, se rendant donc parfaitement compréhensible, sauf quand il demande à un élève d'éteindre sa chaussette, entre autres. L'élève en question a tendance à un peu buguer, mais un simple doigt pointé vers le portable suffit à achever tout doute. En dehors de ça, tout semble rouler, son job est fait correctement, il reste lui-même, Lilia est avec lui. Tout va bien. Enfin. Il y a bien quelques petites choses, qui lui font froncer les sourcils - plus que d'habitude, s'entend. Mais a-t-il vraiment le choix ? Sa fille doit rester ici. Et si elle reste ici, il reste ici.
Alejandro est enchaîné à Lilia. Et il la suivra où qu'elle aille.
Même si ça les conduit tout droit dans les flammes de l'Enfer. Il s'y brûlera tout entier pour l'en sortir.
Avec un grand sourire. |
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