La seule fois où j'ai la chance de voir mon frère, il faut que je me dispute avec lui ! C'est en vain que j'ai réussis à contrôler mes larmes. Je ne pensais pas qu'on allait, une fois de plus, se prendre la tête. Certes, avant on se disputait tout le temps, mais ... C'était avant qu'on partage ce petit secret. Tout ce que je veux, c'est un peu d'attention de sa part. C'est tout ce que je veux ... Il faut croire que c'est encore trop demandé. Il faut croire que si je veux un simple câlin, je vais devoir attendre que monsieur se décide à sortir de son trou. Je ne suis pas sortie de l'auberge, je n'aurais jamais ce câlin. Non ... Mais aux insultes et autre, ça, j'ai le droit. Il n'y a pas de problème.

Je me dirige vers ma chambre. Je doute y être seule et de toute façon, je ne veux pas être seule. Mes pas sont lent, ma tête est baissée et mes yeux sont humides et rivés vers le sol. Je ne veux pas qu'on me voit pleurer ou du moins, je ne veux pas qu'on me voit dans cet état. J'évite les personnes que je croise du mieux que je peux. Et quand, enfin, j'arrive à destination, je soupire longuement. Je suis soulagée d'être arrivée. J'ouvre doucement la porte que je ferme derrière moi. J'ignore si ma camarade de chambre est là, dans tous les cas, je me suis vite allongée dans le lit pour pouvoir pleurer un bon coup. Je n'en pouvais plus de garder toutes ses larmes en moi.

« Par... pardon j... je ne t'av... avais p... pas vu. »

J'aimerais tellement pouvoir me calmer, arrêter de pleurer pour un rien. Je suis fragile, beaucoup trop fragile. Un rien peu me faire pleurer comme le contraire peut être possible. Au fond, j'ai envie d'être plus forte, d'être plus résistante, mais ... Je ne le peux pas malheureusement. Je n'y arrive pas, je n'en ai pas la force. Puis, ma camarade de chambre me fit sortir de mes pensées. Ce n'est pas la première fois qu'elle me voit dans cet état. Elle s'assied sur mon lit, elle pose sa main sur mon épaule comme pour me réconforter. Un faible sourire étire mes lèvres, mais il disparut bien vite. J'essuies mes yeux du mieux que je peux. Je tente de me calmer un peu pour pouvoir lui répondre.

« C'est à cause de mon frère ... Je voulais seulement un peu d'attention de sa part ... Il n'a pas voulu, il s'est énervé sur moi ... »

J'essaye de ne pas fondre en larme une nouvelle fois. Je dois essayer d'oublier ce petit accrochage de rien du tout pour pouvoir passer à autre chose. Mais c'est tellement difficile quand il s'agit des personnes à qui on tient le plus. La vie est tellement injuste avec moi ...

J'essuies une énième fois mes yeux. Heureusement qu'il y avait au moins quelqu'un pour me consoler dans ce fichu établissement. Elle reprit peu après la parole. Une nouvelle fois, ces paroles me fient sourire, mais pas très longtemps. Aller le voir ? Je doute que ça change quoi que ce soit. Les seconds mots de ces paroles ont eu plus d'effet. Elle n'a pas tord ... Peut qu'il a quelque chose à faire. Je me redresse pour me mettre assise confortablement sur le lit. Je lève la tête vers elle tentant tant bien que mal de sourire.

« Tu as sûrement raison. Mais il aurait quand même pu me le faire comprendre d'une autre façon. »

Je regarde le sol sans rien ajouter de plus. Je me dis peut-être que c'est mieux ainsi. Et puis, c'est ma façon à moi de dire que je vais mieux, que j'ai simplement besoin de temps pour m'y faire. Surtout que je pense que je vais devoir m'habituer à ce genre de scène.

La fatigue commence à lentement se faire sentir. Disons que c'est à chaque fois pareil. Quand je pleure, je suis épuisée comme si j'avais couru une longue distance sans jamais m'arrêter. Je soupire longuement. Je le fixe, me contentant de l'écouter. Elle n'a pas toute à fait tord. Tôt ou tard, il devra bien s'occuper de moi et ce jour-là ... J'en profiterais bien ! Elle me fit rire en me tirant la langue. Sûrement le seul rire de la journée, surtout qu'il commence à se faire vraiment tard. Oh, je ne suis pas la seule à être fatiguée. Je m'allonge sur le lit, dormir un peu ne me fera pas de mal.

« Je préfère me reposer. Merci quand même. Et merci de m'avoir réconforter. »

Je lui adresse un bref sourire pour lui montrer que je vais un peu mieux. Je ne peux pas vraiment lui expliquer le secret que je partage avec mon frère. J'ai peur qu'elle me juge et qu'elle ne veuille plus me parler à cause de ça. Attendre, c'est mieux. Je dois arrêter de me torturer l'esprit. Je ferme les yeux pour me laisser emporter par la fatigue.